Le Festival des Lanternes

Umeko était distraite par tout ce qui l’entourait, la soirée approchait de sa finalité, tout était passé si vite. Son compagnon de festival avait voulu lui montrer des images, il avait un drôle d’appareil en main, mais il semblait cassé, ce qui n’avait pas l’air de le ravir.
Mais ce n’était pas le moment d’être déçu, après tout, c’était un soir de fête.

« C’est pas grave peut-être qu’une prochaine fois, tu pourras me les montrer ces images, je suis certaine qu’on se reverra. »

Soudainement, elle fut perturbée, elle n’avait même pas réfléchi au vœu qu’elle voulait lancer dans le ciel. Il était pourtant bientôt l’heure de laisser ce souhait s’envoler pour qu’il puisse un jour se réaliser.
D’ailleurs, le garçon avait l’air dubitatif quant à la réalisation des vœux.

« Peut-être, je ne sais pas vraiment, c’est la première fois que je lance une lanterne à vœux moi aussi, si tu crois réellement en ton souhait il se réalisera sûrement. »

Pensive, elle ferma les yeux, elle avait bien une idée de ce qu’elle allait souhaiter, mais c’était sûrement un vœu qui ne se réaliserait jamais… C’était idiot de dire à une personne que les vœux se réalisent pour ensuite se rendre compte que finalement des choses sont irréalisables.

Elle se re concentra ensuite sur l’étrange garçon, il avait choisi sa lanterne lui aussi, elle tendit la somme nécessaire au vendeur et donna sa lanterne au jeune homme.

« Tu n’as pas besoin, ce n’est pas grand-chose. D’ailleurs, je m’appelle Umeko ! J’ai totalement oublié de me présenter, ce n’est pas très poli désolée. »

Ou alors elle s’était peut-être présentée, elle ne savait plus, elle était totalement perdue.
Observant sa lanterne avec attention, elle ferma les yeux.

Je souhaite...

Elle te confia que c’était la première fois qu’elle lançait une lanterne. Ce n’était pas encourageant pour toi, qui n’y croyais pas déjà de base. Pour le moment, cela ne te coûtait rien, c’était elle qui payait, mais tu savais que tu serais redevable. Au moins dans ta tête. Tu n’aimais pas ce sentiment, mais tu la reverrais, tu en avais la certitude. Elle donna quelques pièces à la personne qui tenait le stand, et te tendit la lanterne, que tu pris soigneusement entre ta main libre. L’autre était toujours occupée par le verre d’alcool qu’elle t’avait offert également. Ce n’était pas poli pour un japonais de refuser quoi que ce soit, mais tu n’irais pas non plus contre tes principes. « Désolé, j’bois pas ce genre de choses. » Tu le lui rendis alors.

La situation était devenue plus calme, concentré par tes pensées, tes questions, tes tourments, la foule ne semblait plus avoir d’impact sur toi. Tu ne faisais même pas attention à ce détails, et pourtant de plus en plus de gens se tassaient autour de l’arbre pour laisser s’envoler les lanternes dans le ciel. Ils avaient sûrement espoir que leur rêve se réalise, tandis que toi tu étais toujours sceptique. Tu inspiras et fixas le bout de papier, comme si ta vie en dépendait.

La rousse se présenta comme Umeko. Tu t’en souviendrais sûrement, tu avais bonne mémoire en général. Tu n’oublierais pas son visage, ça c’était une certitude. « Moi, c’est Kurage. » Tu ne risquais rien à te présenter en retour. De toute façon, tu l’avais fait presque machinalement après elle. Elle se concentra alors sur sa lanterne et tu décidas de faire de même. Tu ne savais pas quoi écrire. Souhaiter rentrer chez toi n’était pas un vœu ; tu ne lâcherais rien tant que tu n’aurais pas de réponses concrètes. Tant que tu ne seras pas auprès de ta cousine. Ce n’était donc pas une option.

Tu ne connaissais pas les gens de cette époque, tu ne pouvais donc pas augmenter leur chance d’accéder à leur rêve plus facilement. Tu ne savais pas quoi faire comme vœu, c’était trop vague, et ton arrivée en ce monde compliquait tout. Bien plus que d’habitude. Tu étais venu pour Isuzu de base, tu n’avais aucune envie de faire cette stupide croyance. Mais elle était capable de te faire faire n’importe quoi. Au sens propre du terme. Tu étais incapable de lui refuser quoi que ce soit depuis l’accident de son fiancé, c’était pour cette raison que tu l’avais accompagné au festival des lanternes chez les Higurashi.

Higurashi Kagome. Il fallait que tu lui parles, que tu lui poses des questions, que tu saches si elle venait de ton époque, de 2021. C’était en quelque sorte ton seul repère, le seul moyen pour toi d’avoir des réponses à l’heure actuelle. Tu réfléchissais intensément, tu n’avais pas vu que les gens autour de toi commençaient à lâcher leur lanterne dans le ciel. Il était temps que tu t’actives, que tu te décides, que tu écrives quelque chose.

Tu attrapas un pinceau et dessinas des caractères pour inscrire ton vœu. Sans laisser le temps à qui que ce soit de voir ce qui était écrit, tu reculas de quelques pas pour apercevoir le début du voyage de ta lanterne. Tu pouvais voir des sourires sur les lèvres, des larmes sur certaines, comme si cela signifiait dire au revoir à quelqu’un. Cela te rendait nostalgique, ton côté empathique se remplissait des ondes alentours et cela te touchait plus que tu ne voulais bien l’admettre. Tu sentais beaucoup d’émotions dans la foule, et tu voulais t’éloigner.

Quelques minutes après avoir lancé les lanternes, Umeko te salua poliment, elle prenait congé en te remerciant d’avoir été en sa compagnie. Tu ne savais pas quoi lui répondre, alors un fin sourire remplaça les mots de ta bouche. Tu te retrouvais alors seul de nouveau avec toi-même sans savoir où aller, sans savoir à qui parler. Les gens s’étaient dispersés à mesure que le temps passait, et le silence venait t’enlacer comme un manteau réconfortant. Tu fermas les yeux, avec une dernière pensée pour Isuzu, avant de te lancer à la recherche d’un endroit où passer la nuit, certain que tu ne pourrais pas rentrer chez toi dans les heures à venir.